Trois décennies après le génocide perpétré contre les Tutsis en 1994, la société rwandaise continue de subir des niveaux élevés de traumatisme, en particulier chez les survivants. Parallèlement, plusieurs anciens prisonniers du génocide ont été libérés et plus de 20 000 autres le seront au cours des prochaines années. Leur réintégration dans la société risque d’aggraver les niveaux déjà élevés d’anxiété et d’autres troubles mentaux et psychosociaux chez les survivants ainsi que chez d’autres personnes, notamment les familles immédiates des détenus. Cette situation pourrait avoir des répercussions négatives sur le travail accompli en faveur de la cohésion sociale et de la réconciliation. Elle est également exacerbée par plusieurs autres facteurs, notamment l’abus de drogues, en particulier chez les jeunes ; la violence basée sur le genre ; les conflits familiaux ; les tensions sociales ; les difficultés économiques ; ainsi que la transmission intergénérationnelle des séquelles du génocide.
Pour remédier à ces défis, Interpeace et ses partenaires locaux—notamment Prison Fellowship Rwanda (PFR), Dignity in Detention Organization (DIDE) et HAGURUKA—mettent en œuvre un programme intitulé : “Renforcer la capacité des communautés à bâtir la cohésion sociale et la réconciliation par le biais de la guérison des traumatismes sociétaux”. Cette initiative novatrice adopte une approche holistique pour répondre simultanément aux problématiques de santé mentale, promouvoir la cohésion sociale, soutenir la réadaptation et la réinsertion psychosociale des détenus, et stimuler le développement de moyens de subsistance collaboratifs au sein des communautés.
Grâce au financement du gouvernement suédois, à travers l’Agence suédoise de coopération internationale pour le développement (SIDA), le programme crée des espaces sûrs pour le dialogue et la guérison des traumatismes. Il soutient également le renforcement des capacités des structures officielles de santé mentale, ainsi que la formation des professionnels afin de consolider un système de soutien psychosocial et de santé mentale au niveau communautaire. En s’appuyant sur le succès d’un projet pilote financé par l’Union européenne dans le district de Bugesera (octobre 2020 - décembre 2022), cette initiative témoigne de l’engagement d’Interpeace en faveur de la guérison sociétale et de la résilience des communautés rwandaises.

Notre programme vise à contribuer à la consolidation d’une société rwandaise pacifique, résiliente et inclusive, capable de surmonter les blessures du passé, de gérer les conflits de manière pacifique, inclusive et collective, de renforcer la résilience des moyens de subsistance et d’influencer les politiques pour mieux répondre aux préoccupations des citoyens. Cet objectif s’articule autour de trois axes : la santé mentale, la cohésion sociale et les moyens de subsistance collaboratifs pour répondre durablement aux besoins de la population. La résilience climatique, l’inclusion du genre et la prise en considération des conflits sont également des composantes essentielles du programme.
Trois décennies après le génocide de 1994 contre les Tutsis, le Rwanda est toujours confronté à des niveaux élevés de traumatismes, en particulier parmi les survivants. La libération de plus de 20 000 prisonniers du génocide dans les années à venir devrait accroître l'anxiété et les problèmes de santé mentale des survivants et de leurs familles. D'autres problèmes, comme la toxicomanie, la violence sexiste, les conflits familiaux et la pauvreté, compliquent encore davantage les efforts de cohésion sociale et de réconciliation.
Pour relever ces défis, Interpeace et ses partenaires (Prison Fellowship Rwanda, DIDE et HAGURUKA) adoptent une approche holistique des efforts de soutien à la consolidation de la paix afin d'améliorer la santé mentale, la cohésion sociale et la réinsertion des détenus, tout en favorisant la résilience économique. S'appuyant sur un projet pilote réussi soutenu par l'UE dans le Bugesera (2020-2022), le programme combine le soutien en santé mentale, la formation d'animateurs communautaires à l'animation de dialogues sur la guérison des traumatismes et le soutien à des activités génératrices de revenus pour promouvoir la résilience et la coopération partagées. En 2024, Interpeace et ses partenaires ont mobilisé 7758 personnes, dont plus de la moitié étaient des femmes (4711) et 2707 jeunes. Ils ont soutenu 39 infrastructures locales pour participer à 34 activités génératrices de revenus et 40 dispositifs avec les acteurs de la sécurité.
